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Clinique infirmièrepar le collectif Hélianthe

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Nous sommes huit infirmiers spécialistes cliniques, avec des modes d'exercices et des disciplines différents, mais réunis par une même vision du soin et une même volonté: valoriser la clinique infirmière.

Le Care dans les Sciences Infirmières 

18/12/2020

Le Care dans les Sciences Infirmières 

Troisième et dernier article de Rémi Izoulet sur le «care» dans les sciences infirmières.

 L’application du concept de « care » dans les soins infirmiers est à la base de la notion anglo-saxonne de « nursing ». Pour les francophones, le terme le plus approchant serait la notion de « prendre soin » et tendrait à se rapprocher d’une définition du rôle propre infirmier. 
Cependant, cette approche demeure actuellement soumise à plusieurs tentatives de conceptualisation. Ces difficultés à circonscrire formellement le concept de « care » au cœur des soins infirmiers conduit au maintien d’une recherche active de formalisation par différents théoriciens de la profession.

  1. Le Caring - Jean Watson
    Figure de proue de la conceptualisation du « care » dans les soins infirmiers, le docteur Jean Watson est une infirmière américaine, titulaire d’un doctorat en psychologie de l’éducation et professeur émérite au sein de l’Université de Denver aux Etats-Unis. Elle est également la fondatrice du « Center for Human Caring » situé dans l’état du Colorado. 
    Elle développe dès 1979 une approche humaniste du processus d’accompagnement des patients au travers des soins infirmiers. Jean Watson place l’activité de  « care » ou « caring » comme un idéal moral de l’exercice de la profession infirmière. Cet idéal faisant appel à un engagement personnel dont l’objectif est le respect de la dignité humaine.
    Dans cette optique, l’infirmière impliquée dans une relation thérapeutique et guidée par une démarche « caring » devra se montrer vigilante à ses différents ressentis notamment dans les situations de soins difficiles.
    Les soins infirmiers relèveraient d’un processus interpersonnel entre le soignant et le patient. Ce processus aurait pour objectif la recherche ou le rétablissement d’un état harmonieux entre trois pôles fondamentaux qui constituent chaque personne :   
        • Le pole du corps : dimension anatomique et physiologique
        • Le pole du mental : dimension psychologique
        • Le pole de l’esprit : dimension spirituelle
    Au cours de l’accompagnement d’une personne dans ses soins, il pourra s’instaurer un moment où l’infirmière établira un rapport d’individualité à individualité avec le patient. Cet instant représenterait selon Jean Watson une occasion de « caring ».
    Par la prise de conscience de cette opportunité relationnelle, l’infirmière peut, par une posture empathique et authentique, favoriser un partage de perceptions avec le patient. Cette démarche consciente et active, ce moment de « caring », pourra apporter à l’infirmière les éléments-clés nécessaires pour ajuster son accompagnement.
    Dans son approche de la relation de soin, Jean Watson souligne l’idée que le patient est le sujet essentiel de la préoccupation soignante et que la cohérence d’un accompagnement doit reposer sur l’appropriation par l’infirmière d’une analyse globale de la dynamique d’un individu. 
  2. L’Ethnonursing - Madeleine Leininger
    Infirmière américaine titulaire d’une maîtrise en santé mentale et psychiatrie ainsi que d’un doctorat en anthropologie, Madeleine Leininger est la fondatrice de la société mondiale de soins infirmiers transculturels et du journal du soin transculturel  « Journal of transcultural nursing ». Professeur et doyenne à l’université de Washington et de l’Utah.
    Convaincue de l’importance du « care » dans l’exercice de la profession infirmière, Madeleine Leininger a construit son approche spécifique au travers de son expérience d’accompagnement d’enfants et de leurs familles issues de multiples cultures dans l’Amérique d’après-guerre. 
    Elle identifie ainsi la méconnaissance des différentes cultures et de la représentation du soin associé à celles-ci comme un chaînon manquant dans la compréhension des infirmières de la variabilité de comportements des patients dans le processus de soin, de guérison et de maintien d’un état de santé satisfaisant.
    Pour Madeleine Leininger, le « care » est une action ou une activité visant à fournir des soins. Le « care » consiste à aider les autres faces à des besoins réels ou anticipés dans le but d’améliorer une situation de santé préoccupante ou de faire face à la mort.
    Cette modalité d’approche permettrait de stimuler la créativité des infirmières afin de concevoir un accompagnement basé sur l’accès à de nouvelles connaissances jusqu’alors inexploitées. Cette démarche, associée à une vision holistique des patients, garantirait de fournir des soins plus compréhensibles et satisfaisants pour les individus.
    Dans une relation de soin, une infirmière sensibilisée à cette démarche tentera donc de rechercher les pratiques et les préférences culturelles du patient. Elle tentera d’incorporer les dimensions sociale, environnementale et culturelle liées aux croyances dans le domaine du soin. Pour finir, l’infirmière renforcera ses connaissances pour mieux appréhender la diversité des approches culturelles.
    L’approche de Madeleine Leininger propose une vision ethno-sensible du « care ». Cette caractéristique peut favoriser une approche dynamique d’ajustement des soins infirmiers afin qu’ils puissent s’adapter plus aisément au contexte actuel de mondialisation et à l’évolution des mouvements migratoires.
  3. Des théoriciens francophones
    L’étude des différentes théorisations autour du concept de « care » dans les sciences infirmières conduit à s’interroger sur la transposition complexe de ce concept. Il existe d’autres auteurs qui ont abordé la question du « care » dans les soins infirmiers. Ces auteurs francophones abordent ce thème au travers de la notion de « prendre soin ».
    - Marie-Françoise Colliere, infirmière française, formée aux Sciences Infirmières aux États-Unis et titulaire d’un diplôme d'études approfondies en histoire des civilisations. Figure emblématique de l’école de Lyon, elle fut profondément impliquée dans l’émergence des Sciences Infirmières en France. 
    Ainsi pour décrire le « prendre soin » comme concept socle de l’exercice de la profession, elle différenciera sans les opposer les « soins de compensation et d’entretien de la vie » aux « soins de réparation ».
    - Walter Hesbeen, infirmier belge et docteur en santé publique, est responsable pédagogique du Groupe francophone d'études et de formations en éthique de la relation de service et de soin et rédacteur en chef de la revue Perspective soignante. Walter Hesbeen propose d’approfondir la notion de « prendre soin » au travers de trois notions :
    1) La perspective soignante qui concerne tous les professionnels de santé qui s’inscrivent collectivement dans une dynamique de relation de soin plus humainement engagée.
    2) La démarche soignante qui décrit le mouvement initié par le professionnel et la démarche d’accueil qui conduira le soignant à une rencontre et un accompagnement de l’autre.
    3) La capacité d’inférence qui couvre l’ensemble des moyens qui permettent au soignant d’analyser et de travailler autour des besoins et des ressources du patient.
    - Philippe Svandra, infirmier et docteur en philosophie propose une lecture par un prisme éthique. Il interroge le  « prendre soin » à travers la notion de « vulnérabilité » qu’il définit comme un antécédent de ce concept. 
    Philippe Svandra décrit le « prendre soin » comme une sollicitude agissante. Confronté à la souffrance et à la situation de faiblesse des malades, les soignants seraient alors soumis à un devoir éthique les conduisant à tenter d’y apporter une réponse. Le « prendre soin » serait un mouvement spontané et désintéressé du soignant pour répondre à l’incapacité d’une personne à satisfaire par elle-même ses besoins. 
    - Michel Nadot, infirmier franco-suisse, professeur d'histoire et d'épistémologie en Sciences Infirmières et ancien président de l'Association suisse des infirmières, est le fondateur du premier modèle conceptuel de l'Europe francophone qui confirme l’appartenance de cette discipline aux sciences humaines et non aux sciences naturelles.
    Michel Nadot définit le « prendre soin » comme une activité tridimensionnelle indissociable des fondements de la profession et qui comprend le « prendre soin » des individus à tous les âges de la vie, le « prendre soin » de la vie du groupe par des actions ancrées au sein d’une communauté et le « prendre soin » de la dynamique des institutions, notamment dans ses aspects socio-économiques et  logistiques. 
    Pour Michel Nadot, l’infirmière est une médiatrice culturelle qui exerce un inter-métier au centre des relations asymétriques existantes entre les différents acteurs du soin.

 

Rémi Izoulet

Infirmier Spécialiste Clinique